Joute 1, Chapitre 3En une seconde, elle fut derrière Reinhard, aussi silencieuse qu’un chat. L’attaque surprise avait pour mérite de récompenser la ruse face à la force…
Passant son bras autour du coup de la brute, elle le força à se pencher en arrière, et d’une prise ferme et sans équivoque, elle se saisit du nez de son adversaire.
Un craquement sonore fut le seul bruit perçut pendant les quelques secondes de l’envol, juste avant qu’un concert d’os brisés lui fassent écho quand l’homme toucha le sol, tête en avant.
Katchoo lâcha sa prise avec un sourire douloureux, et d’un coup de pied, retourna le Damoiseau, face au ciel.
- Tu as été valeureux, bonhomme, tu m’as presque fait mal, fit elle en se penchant sur lui.
Elle fronça les sourcils en remarquant un bout de velours bleu dépassant d’une de ses poches.
- C’est quand même un peu la honte, à ton âge, d’avoir une peluche de dauphin comme porte bonheur, observa-t-elle en fixant l’objet d’un air atterré.
Les lettres « Tutut » se lisaient encore, bien que délavées.
Reinhard ne put que gargouiller quelques sons, la moitié de ses dents n’ayant pas survécu à son crash aérien.
"Dauphin.. Pingouin... ça sonne un peu pareil", constata pensivement Katchoo. Elle en éprouva
presque de la sympathie pour le damoiseau...
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Allez, va, je t’en débarrasse, ça te passera peut être l’envie de venir me chatouiller. Si tu poses un pied au Gardichou, tout le monde saura pour Tutut. Inutile de te dire que t’auras pas fini d’en attendre parler.Elle se releva, fourra la peluche dans sa poche et saisit le Damoiseau pour le remettre sur pieds.
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Tu as été un brave adversaire, courageux et tout et tout, mais j’ai pas que ça à faire, mon vieux. Rentre chez toi maintenant, et sans rancune!.La brute tourna vers elle un regard noir, lourd de promesses de représailles, avant de se retourner, vaincu.
Katchoo attendit que son agresseur ait disparu d’un pas chancelant au bout du chemin avant de s’accouder à un arbre et de vomir dans un bruit rauque.
Elle fit deux trois pas sur le coté avant de se laisser tomber dans l’herbe fraîche. Un dernier sourire vint adoucir son visage constellé de sang tandis qu’elle sombrait dans un sommeil lourd, le nez vers les étoiles.
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Moralité : "On n’en veut pas à ceux qu’on a insulté ; on est au contraire disposé à leur reconnaître tous les mérites imaginables.
Cette générosité ne se rencontre malheureusement jamais chez l’insulté."Cioran
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Fin